Mitholz (BE) .
Ah l'Oberland Bernois ! Cette région que j'affectionne tout particulièrement pour ses nombreux paysages qui vous font voyager dans le monde tout en restant en Suisse !
Une région aussi au passé militaire plus qu'intéressante car oui, ici, nous nous trouvons dans ce qui était appelé autrefois le Réduit National, terrain de recul et de protection dans les montagnes pour la population fasse a un possible envahisseur.
Nous sommes ici dans le petit village de Mitholz, village de 170 âmes, situé sur la commune de Kandergrund. La région est très connue des touristes, entre le fameux Blausee qui est en amont du village, l'Oeschinensee qui est un lieu des plus beaux plus loin en-dessus du village et sans parler du magnifique tableau qu'offre le plateau de la Kander en-dessus de Kandersteg... Ici tout semble faire rêver.
Hormis tout le charme typique de l'Oberland que ce village comporte, il a aussi un passé un peu plus sombre militairement et civilement parlant... Ce passé semble aujourd'hui rattraper celui-ci, qui a toujours prospéré avec ses airs tranquille à une belle retraite...
Un peu d'histoire :
Le village est connu pour la catastrophe qui l'a frappé le 19 décembre 1947 lorsque le dépôt de munitions souterrain construit dans le village explose, pulvérisant une partie de la falaise qui surplombe celui-ci, détruisant plusieurs dizaines de bâtiments, tuant neuf personnes et en blessant vingt autres. Au moment des faits, il s'agit de la plus grande explosion non nucléaire de l'histoire.
Vue aérienne de la position en 1940. A noter ici qu'à ce moment là, rien n'est encore construit :
Vue de la position en 1947 après l'explosion du dépôt :
(source : Wikipedia)
Vue aérienne de la position en 1960 :
(source : LUBIS)
Vue aérienne de la position en 1979 :
(source : LUBIS)
En 1948, les autorités considèrent que l’évacuation complète des restes de munitions est trop risquée, essentiellement pour des raisons géologiques. Il est toutefois décidé que l'installation souterraine sera réaffectée. Des travaux d'agrandissement et de rénovation des parties préservées sont entrepris dès 1953 en vue de convertir le site en hôpital militaire, puis en ouvrage et dépôt de pharmacie de l'armée.
Oui mais voilà...
En 2018, le gouvernement fédéral révèle que la moitié des munitions auraient explosé lors de la catastrophe, l'autre moitié, estimée à 3500 tonnes brutes étant toujours ensevelie sous les décombres de la falaise... La population du village étant exposée à un danger au moins aussi important que la catastrophe de 1947, la décision est prise en février 2020 de l'évacuation totale du village pour 2030 afin de permettre le déminage du site dans des conditions de sécurité optimale, opération qui devrait prendre une vingtaine d'années...
Cette décision survient peu de temps après que l'armée ait mise a l'étude une nouvelle fonction pour ce grand ouvrage. C'est plus ou moins à ce moment là que le danger sera mis en lumière, et qui conduira au fait d'abandonner ce projet, mais aussi la totalité de l'ouvrage, dont la pharmacie de l'armée. Les locaux ont alors dûs être vidés et l'emploi futur de ce point militaire totalement abandonné...
(Evacuation de l'ouvrage en présence de Guy Parmelin. Source : VTG ADMIN.)
Il va sans dire ici que la population ne prend pas cette mesure de bon coeur, beaucoup d'incompréhension concernent surtout le fait d'avoir été durant toutes ces années exposés à un danger permanent questionne le village et ailleurs... Car Mitholz n'est pas le seul dépôt de Suisse. Les habitants voient aussi d'un mauvais oeil le fait de devoir abandonner leur vie dans ce village paisible pour des erreurs et décisions telles que celles-ci causent aujourd'hui... Ce qui est très compréhensible !
(''Nous ne sommes pas des bombes. Nous restons''.)
Lien d'un reportage fait par la RTS que je vous conseille vivement de regarder afin d'avoir de plus amples compléments sur cet ouvrage. L'on y voit aussi des images inédites de l'intérieur :
Dans le travail d'archivage des ouvrages militaires que je fais, il était alors important de me rendre sur ce lieux chargé d'histoire et d'émotions, afin d'immortaliser ces quelques vestiges d'une part de l'histoire qui a un futur des plus incertains. Car aujourd'hui, nul ne sait vraiment ce qui pourrait s'y passer et si celui-ci sera encore un jour, présent dans le village.
Vues sur la falaise (partiellement détruite lors de l'explosion en 1947) :
Vers l'éperon rocheux :
(La zone ''chaude''. Il y a encore à cet endroit une odeur très particulière...)
(Témoin de la puissance de l'explosion...)
L'ancienne voie ferroviaire qui menait en 1947 via un tunnel dans l'ouvrage (condamné depuis) :
L'entrée de l'ouvrage :
Un FAK un peu plus loin :
A cet endroit, la route forestière se divise en deux. Sur la gauche, l'ancienne route menant à une entrée véhicule jusqu'en 1947, détruite par l'explosion :
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